3 traits TDAH souvent ignorés
Les symptômes classiquement associés au TDAH – inattention, hyperactivité, impulsivité – ne reflètent pas certaines des caractéristiques importantes. Ces dernières concernant la perception, les émotions et la motivation.
Les symptômes du TDAH sont énumérés dans la littérature, le problème, c’est que ces critères décrivent les symptômes pour des enfants entre 6 et 12 ans, et se placent d’un point de vue extérieur. Cela cause des mauvais diagnostics, des incompréhensions, et des traitements inappropriés chez certains adolescents et adultes.
La plupart des gens, professions médicales incluses, n’ont qu’une vague idée de ce qu’est le TDAH. Ils pensent avant tout à l’hyperactivité et au manque d’attention.
Si on prend un peu de recul et on se demande « Quel est le point commun entre toutes les personnes TDAH ? » , ce sont d’autres types symptômes qui se dessinent.
On peut considérer 3 types de symptômes :
1- Une attention dépendante de l’intérêt
2- Une hyperréactivité émotive
3- Une sensibilité au rejet

1. Une attention dépendante de l’intérêt
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Malgré son nom, le TDAH n’est pas à proprement parlé un déficit d’attention. C’est en réalité une attention inconstante, qui n’est pas contrôlée par la personne.
Cet état non contrôlé, n’est pas activé par les devoirs du professeur ou les tâches imposées par le supérieur hiérarchique. Il ne peut advenir que momentanément si la personne ressent un intérêt particulier, compétition, nouveauté, urgence ou stress d’une date butoir.
L’attention de la personne TDAH dépend donc de l’intérêt et non de l’importance de la tâche.
Le médecin demandera, êtes-vous capable de vous concentrer ? Et la réponse typique sera « parfois ». Ce n’est pas la bonne question, en effet parents ou professeurs peuvent ressentir de la frustration, car ils remarquent bien que dans certaines conditions, la concentration est bien là – par exemple avec les jeux vidéo – pendant des heures même, alors l’incapacité à consacrer la même attention aux autres tâches est interprété comme de la défiance ou de l’égoïsme.
La personne TDAH vous le dira, « j’arrive toujours à me concentrer du moment que la tâche en question présente pour moi un intérêt, challenge, nouveauté, urgence ou passion. »
Les choses qui fonctionnent pour d’autres, tels que l’importance, les récompenses ou bien les conséquences, ne fonctionnent pas pour les TDAH.
Des solutions ?
De nouvelles règles plus adaptées. La plupart des systèmes d’organisation et planification sont pensés pour les personnes « neuro-typiques » et ne prennent pas en considération la variabilité des individus et leur manière de fonctionner. C’est à la personne TDAH d’apprendre à comprendre son fonctionnement spécifique. C’est personnel, on peut par exemple choisir de travailler dans un environnement différent, éviter les open spaces ou au contraire travailler en doublon avec quelqu’un à côté pendant que l’on effectue son travail. Avec un peu d’imagination, instiller de l’intérêt pour transformer une tâche ennuyeuse. Découper un projet en petites tâches avec plus de dates butoirs.
Des médicaments, qui remettent à égalité d’un point de vue neurologique. Les médicaments psychostimulants sont d’une grande efficacité pour la plupart des personnes TDAH. Ils permettent de ne pas être distrait une fois une tâche engagée.
2. Hyperréactivité émotive
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Les gens s’attendent à voir de l’hyperactivité motrice chez la personne TDAH. C’est le cas pour seulement 25 % des enfants et 5 % des adultes. Le reste ressent un état intérieur d’hyper réactivité. Si l’on demande à une personne TDAH ce qu’elle ressent elle vous répondra :
« Je me sens toujours tendue », « j’ai du mal à me détendre en restant assis comme le reste de la famille devant la télévision », ou encore, “je n’arrive pas à éteindre mon cerveau et mon corps quand il est l’heure d’aller se coucher ».
La personne TDAH a des pensées et des émotions qui sont plus intenses que la moyenne. Les hauts sont plus hauts et les bas plus bas. Cela veut dire que les joies et les critiques seront ressenties plus intensément.
Les enfants TDAH perçoivent qu’ils sont différents, ce qui n’est jamais ressenti comme une bonne chose. Ils peuvent développer une mauvaise estime de soi lorsqu’ils n’arrivent pas à trouver la motivation pour commencer ou terminer ce qu’il leur est demandé et parce que les enfants ne font pas la distinction entre ce que l’on fait et ce que l’on est. La honte peut devenir une émotion dominante lorsqu’ils deviennent adultes et que le dialogue sévère interne, ainsi que les critiques des autres s’ancrent profondément.
Les médecins sont plus formés à reconnaître les troubles de l’humeur, et non l’intensité des émotions qui accompagnent le TDAH. Beaucoup de personnes TDAH sont d’abord diagnostiquées comme ayant des troubles de l’humeur ou comme étant dépressives. En moyenne, ces personnes devront consulter plusieurs médecins et seront traitées avec plusieurs antidépresseurs avant que ne tombe le diagnostic du TDAH.
Les émotions intenses liées au TDAH sont presque toujours déclenchées par un évènement ou une perception donné, et ne sont pas durables dans le temps. Ce sont des émotions normales exceptées leur intensité.
Des solutions ?
Pour contrecarrer les sentiments de honte et de mauvaise estime, les personnes TDAH ont besoin d’aide d’autres personnes qui les valorise et voient leurs qualités. Cela peut être un parent, un frère ou une sœur, un coach, ou un voisin bienveillant. N’importe qui du moment qu’elle sait que la personne est bonne, capable, digne d’estime, surtout quand les choses ne vont pas. Cette personne doit être sincère, car les personnes TDAH sont de très bon détecteurs de mensonge.
Le message principal doit être ” Je te connais, tu es une bonne personne. S’il y a bien quelqu’un qui peut surmonter ce genre de problèmes, c’est bien toi. Ce que cela me dit, c’est qu’il y a quelque chose de supplémentaire qui entrave le chemin que je ne vois pas. En tout cas, je veux que tu saches que je serai là, tout au long du chemin, jusqu’à ce que l’on trouve le problème et qu’on le surmonte “.
Pour combattre la mauvaise estime de soi et la honte, il faut aider la personne TDAH à comprendre son unique manière de fonctionner et ne pas la laisser seule avec ces sentiments.

3. Sensibilité au rejet
Qu’est-ce que ça veut dire ?
La sensibilité au rejet est une intense vulnérabilité à la perception – pas toujours la réelle – d’être rejeté, moqué ou critiqué. Cela provoque une intense douleur émotionnelle, qui peut également être déclenchée par un sentiment d’échec, le sentiment de ne pas atteindre ses objectifs ou les objectifs fixés par les autres.
C’est une réaction primitive, qui est souvent difficile à décrire pour la personne concernée. Elle peut être ressentie comme une douleur physique, comme un coup porté à la poitrine.
Souvent, cette intense réaction émotionnelle est cachée aux autres personnes. La personne TDAH ne veut pas en parler à cause de la honte, et de laisser percevoir cette vulnérabilité.
La question qui peut aider à identifier ce trait est la suivante « Avez-vous remarqué toute votre vie, que vous êtes bien plus sensible que votre entourage au rejet, moqueries, critiques, et sentiment d’échec ? ».
Lorsqu’une personne internalise ces sentiments, cela peut ressembler à un trouble de l’humeur. La personne peut être décrite comme « soupe au lait ». Si elle externalise, cela va entraîner un excès de colère.
Certaines personnes pour éviter ces épisodes feront en sorte de plaire à tout le monde en ignorant leurs propres besoins et envies. À terme, cela peut entraîner des problèmes d’identité.
D’autres auront des comportements d’évitement, se refermeront sur elles même, en évitant les situations sociales qui sont trop source d’anxiété.
Des solutions ?
Le pourcentage d’adolescents et d’adultes TDAH reconnaissant cet intense sentiment de rejet est entre 98 et 99 %. Pour 30 % d’entre eux, c’est le trait le plus débilitant associé à leur TDAH, en partie, car il est difficile à résoudre en thérapie.
Les médicaments agonistes alpha-adrénergiques, comme la guanfacine ou la clonidine, peuvent en venir à bout. Une personne sur trois ressent un soulagement de ces symptômes avec l’un ou l’autre, mais 60 % voient une très nette amélioration lorsque les deux sont essayés. Lorsque soignées avec succès, ces personnes se décrivent comme « en paix », ou bien comme ayant une « armure émotionnelle ». Elles continuent de voir les choses qui les auraient blessées auparavant, mais celles-ci ne les touchent plus de la même manière (« rebondissent en quelque sorte »). Elles décrivent également ne plus avoir trois ou quatre pensées simultanément, mais une seule à la fois. À noter qu’en France, ces médicaments n’ont pas reçu d’AMM dans ce cas (l’autorisation de mise sur le marché concerne le traitement de l’hypertension uniquement).